Le général Donzelot (1764-1843)
Les derniers propriétaires de Ville-Evrard
Avec le général comte Donzelot, le château de Ville-Evrard connaît son hôte le plus brillant, et les vingt années de la retraite nocéenne de ce Franc-Comtois, enfant de la révolution, font du château de Ville-Evrard le dernier refuge d'un héros resté célibataire en même temps que le berceau de la sinologie moderne. Par un enchaînement de causes que les amateurs des desseins de la Providence apprécieront, le village dont était issu Foulques, le prédicateur de la croisade qui détourna vers l'Orient chrétien les forces militaires de l'Occident, abrita vingt années durant celui qui maintint le "rêve oriental" de Napoléon Bonaparte et qui, gouverneur de Corfou sous l'Empire après avoir été chargé de l'administration de l'Egypte conquise avec le futur Premier Consul, resta à l'écart des fastes impériaux pour ne retrouver l'Empereur qu'au moment de Waterloo ; lui aussi cotoya l'échec, mais il s'en remit fort bien puisque Louis XVIII lui confia le gouvernement de la Martinique.
Etonnante destinée assurément que celle de François-Xavier Donzelot, qu'il nous narre lui-même si nous contemplons son tombeau dans le cimetière de Neuilly-sur-Marne, cimetière qu'il donna sur ses terres aux Nocéens et qui fut réalisé après sa mort(1855). Le tombeau du Général tourné vers Ville-Evrard et le soleil levant, ne donne pas vers l'entrée principale du cimetière ; il est chargé de symboles pour l'éternité.
L'architecture est celle des monuments "égyptisants" de Paris si bien recensés par la thèse de Jean Humbert qui porte ce titre, mais ce choix n'est pas un hasard ou une mode, car Donzelot connaissait très bien l'Egypte ; ce fut certainement sa plus glorieuse campagne, son titre de gloire pour l'éternité. Si, en effet, son nom est gravé sur l'Arc de Triomphe de l'Etoile, (honneur partagé avec tant de braves, même si le nom du père de Victor Hugo a été oublié et si cette absence fait plus de bruit que tant d'autres présences), il possède son nom gravé sur la porte du grand temple d'Isis à Philae, près de la première cataracte du Nil, au point extrême où parvint la brigade Desaix chargée de poursuivre après la bataille des pyramides.
Comment parvint-il à cette accumulation de souvenirs et à ces services militaires et civils exceptionnels, voilà qui dépasse le cadre de ce livre.